La dissolution de l’INAI Tunisie (Instance nationale d’accès à l’information), annoncée début août 2025 par la présidence du gouvernement tunisien, s’inscrit dans ce que de nombreuses voix qualifient de démantèlement systématique des institutions démocratiques nées de la révolution de 2011.
Créée en 2016, l’Instance nationale d’accès à l’information avait pour mission de garantir aux citoyens et aux journalistes tunisiens un accès direct aux données publiques. Cette institution incarnait l’un des acquis de la révolution tunisienne de 2011 en matière de transparence gouvernementale.
Le gouvernement tunisien ne s’est même pas donné la peine d’annoncer officiellement cette dissolution, se contentant de reclasser le personnel au sein de l’administration. Cette méthode révèle l’approche adoptée par l’exécutif face aux institutions démocratiques tunisiennes.
Une « violation dangereuse » selon le SNJT
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a dénoncé une « violation dangereuse » du droit à l’information en Tunisie. Selon le syndicat, cette décision pave la voie à une communication officielle unique, synonyme de propagande d’État.
De son côté, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) considère cette suppression comme un choix politique assumé visant à effacer les institutions post-2011 qui garantissaient les libertés démocratiques.
La société civile tunisienne perçoit cet acte comme une étape supplémentaire dans la restauration d’un régime autoritaire, rappelant l’ère Ben Ali.
Un élément de plus dans une stratégie plus vaste
Depuis son accession au pouvoir, le président Kaïs Saïed a multiplié les mesures controversées : suspension du Parlement tunisien, révision de la Constitution, concentration des pouvoirs exécutif et judiciaire. La disparition de l’INAI s’inscrit dans cette logique de recentralisation où les contre-pouvoirs sont progressivement neutralisés.
Ces décisions éloignent la Tunisie démocratique du modèle qu’elle incarnait après sa révolution. Le pays se rapproche désormais d’un système où l’information est contrôlée, les institutions indépendantes supprimées, et les voix dissidentes réprimées.
Cette évolution marque un tournant dans l’histoire politique tunisienne contemporaine, questionnant l’avenir des libertés publiques en Tunisie et de la presse tunisienne.