L’Agence algérienne pour la promotion de l’investissement (AAPI) a lancé le 29 novembre 2025 un appel public aux investisseurs et porteurs de projets pour identifier les types d’activités à développer dans trois zones économiques de Constantine. Contrairement aux appels précédents, ce nouvel appel ne débouchera pas immédiatement sur l’attribution de terrains, mais constituera plutôt une première phase de “recueil des souhaits d’investissement” avant la publication officielle des offres foncières sur la plateforme numérique de l’agence.
Ce changement de processus révèle une stratégie implicite : l’AAPI reconnaît tacitement que le modèle précédent -proposer des zones “prêtes” sans vraiment connaître les besoins des investisseurs -n’a pas porté ses fruits. Plutôt que de l’avouer ouvertement, l’agence inverse la logique. Elle passe d’une approche “offre d’abord, demande ensuite” à “écoutons d’abord, proposons ensuite”. C’est une correction constructive, mais elle soulève une question centrale : pourquoi cette correction n’a-t-elle pas été implementée plus tôt ?
Les trois zones : une capacité impressionnante mais sous-utilisée
Les trois zones concernées représentent une capacité totale de plus de 1 070 hectares : la zone industrielle Douamès à Aïn Abid (600+ hectares), la zone d’activités El Rimal à Constantine (79,49 hectares), et l’extension de la zone d’activités Ali Mendjeli à El Khroub (120 hectares pour la zone d’activités seule, en plus des 671 hectares d’extension urbaine).
Sur le papier, le portefeuille foncier de Constantine semble imposant. La wilaya dispose actuellement de 913 parcelles s’étendant sur 395 hectares destinées à l’investissement. Parmi ces parcelles, 277 ont déjà été attribuées, laissant 636 parcelles disponibles. À la zone Douamès seule, sur 638 parcelles, seulement 102 ont été attribuées, soit un taux d’allocation de 16% seulement.
Avec 84% des parcelles de la zone la plus grande toujours inoccupées, on comprend pourquoi l’AAPI change de tactique. Ce n’est pas une question de manque d’espace, mais plutôt une question d’inadéquation entre ce qui est offert et ce que les investisseurs cherchent réellement.
Pour Constantine, cet appel constitue une correction pertinente du modèle précédent. L’agence invite les investisseurs à préciser la nature de leur projet d’investissement, le produit final à produire et la surface minimale requise pour leur activité.
En compilant ces informations, l’AAPI pourra ajuster l’aménagement des zones (infrastructures, services, équipements) en fonction d’une demande réelle, au lieu de continuer à proposer des terrains qui ne trouvent pas preneur.