Noyé dans les chiffres du bilan énergétique national 2024, un indicateur révèle pourtant une transformation profonde. La consommation d’énergie du secteur agricole a bondi de 20,6% en un an, la hausse la plus forte de tous les secteurs économiques du pays.
En valeur absolue, l’agriculture reste un petit consommateur avec 950 milliers de tonnes équivalent pétrole en 2024, contre 787 l’année précédente. Soit à peine 2% de la consommation finale nationale. Mais c’est le rythme de progression qui interpelle. Aucun autre secteur n’affiche une telle accélération. Les ménages et services progressent de 4,2%, les transports de 5,5%, l’industrie et le BTP de 6,2%. L’agriculture les distance tous, et de loin.
Irrigation, mécanisation et climat : la facture s’alourdit
Cette envolée s’explique par une mutation profonde du modèle agricole. L’énergie est devenue un intrant incontournable pour le pompage de l’eau, l’irrigation sous pression, les chambres froides, la motorisation des exploitations et l’électrification des zones rurales. Le tout dans un contexte climatique qui n’arrange rien, avec des épisodes de chaleur plus longs et plus intenses qui prolongent les besoins en irrigation.
Le bilan énergétique ne détaille pas les usages poste par poste, mais la tendance est flagrante. Produire agricolement coûte de plus en plus d’énergie. Cette évolution s’inscrit dans une année où la croissance hors hydrocarbures a atteint 4,7%, portée notamment par les segments liés à la sécurité alimentaire.
L’agriculture se modernise, gagne en productivité, mais au prix d’une dépendance énergétique croissante. À mesure que les exploitations s’équipent et se mécanisent, la facture électrique et en carburants grimpe. D’où une question qui émerge, encore peu débattue. Comment accompagner cette transformation sans alourdir durablement le bilan énergétique national ?
Le chiffre de +20,6% ne bouleverse pas, à lui seul, l’équilibre du système énergétique algérien. Il agit plutôt comme un signal faible, annonciateur d’un enjeu plus large. L’agriculture entre dans une phase où sa performance dépendra aussi de sa capacité à maîtriser sa consommation d’énergie.





