Renégociation oui, abrogation non. Face à la pression du Rassemblement national, le Premier ministre français Sébastien Le Cornu a fixé les limites de l’exécutif sur l’accord algéro- français de 1968. Une position d’équilibriste entre le vote symbolique de l’Assemblée et les impératifs diplomatiques avec Alger.
Sébastien Le Cornu a clarifié mardi la position du gouvernement français sur l’accord algéro- français de 1968, quelques jours après l’adoption par les députés d’une proposition de résolution du Rassemblement national visant à dénoncer ce texte. Le Premier ministre a plaidé pour une “renégociation” qui devrait “démarrer le plus vite possible”, tout en écartant fermement toute “abrogation” de la convention.
Lors de la séance des questions au gouvernement, la cheffe des députés du Rassemblement national a de nouveau interpellé le chef du gouvernement sur ce dossier sensible, réclamant des actes concrets et un calendrier précis pour « mettre en application le vote de l’Assemblée nationale ».
“Pas un sujet de politique intérieure, mais un sujet bilatéral”
Dans sa réponse, le Premier ministre a d’emblée rappelé les limites juridiques du vote parlementaire, soulignant que cette résolution “n’a aucune valeur contraignante et législative”. “Je ne crois pas à l’abrogation de cet accord, mais à sa renégociation”, a affirmé le chef du gouvernement, qualifiant la convention de 1968 de “caduque à bien des égards”. Selon lui, il est désormais nécessaire qu’un “début de renégociation démarre le plus vite possible”.
Le Cornu a également insisté sur la dimension diplomatique du dossier : “Pas un sujet de politique intérieure, un sujet bilatéral, de respect, qu’il convient à mon avis de traiter avec beaucoup de sang-froid”, a-t-il précisé, marquant ainsi une distance nette avec l’approche plus radicale défendue par le RN.
L’accord algéro- français de 1968 régit notamment les conditions d’entrée et de séjour des ressortissants algériens en France, leur accordant un « statut privilégié » par rapport aux autres nationalités. Ce texte, signé dans le contexte post-indépendance, est depuis longtemps dans le viseur de l’extrême droite française qui y voit un obstacle à sa politique migratoire.
La proposition de résolution adoptée par l’Assemblée nationale la semaine dernière marque une victoire symbolique pour le RN, même si elle ne contraint juridiquement pas le gouvernement à agir. Le vote a néanmoins ravivé les tensions sur un dossier éminemment sensible dans les relations entre Alger et Paris.
Si le gouvernement français affiche désormais sa volonté de renégocier l’accord, la démarche s’annonce complexe sur le plan diplomatique. Toute modification du texte nécessitera l’accord d’Alger, dans un contexte où les relations bilatérales connaissent régulièrement des périodes de tension.





